utopie et dystopie exposé
utopie et dystopie exposé
Make Room! Câest dâailleurs la façon dont on peut comprendre le commentaire dâAristote sur lâexemple historique de Denys qui aspire à la tyrannie : il y a eu dâautres cas semblables dans lâhistoire mais celui de Denys se suffit à lui-même parce que tout le monde lâa bien en tête. Grâce à leur contribution financière, Figura, le Centre de recherche sur le texte et l’imaginaire, l’AFEA, le Département d’études littéraires et la Faculté des Arts, via le programme Initiatives, encouragent des projets d’envergure qui permettent à des étudiants de participer concrètement à la recherche universitaire et à la reconnaissance de la place de la littérature dans le monde. Les figures de lâénigme et de lâamplification sont analysées ici à partir de deux cas particuliers qui entretiennent un rapport différent à la mémoire orale. (1966) d'Harry Harrison et son adaptation filmique de Richard Fleischer (Soylent Green, 1973). Dans Mondes (im)parfaits. Le premier, Sébastien Roldan arpente, à travers les manuscrits liminaires et la version définitive de La Joie de vivre (1884) d’Émile Zola, les deux versants d’une même histoire dans son article intitulé « Un vieux cynique menace La Joie de vivre ». 2) Loi Taubira, Exposé des motifs, 1998.Mesdames, Messieurs, â¨Il nâexiste pas de comptabilité qui mesure lâhorreur de la traite négrière et lâabomination de l'esclavage. Guy devient alors un hors la loi. Alors il semble, et même il devient certain que lâespérance est justement ce par où lâobscur sâéclaire. Au plan cognitif, on retrouve la tendance à la rétention dont Alain Berthoz nous dit quâelle est la condition à toute production de sens efficace. Le seul hic est que cette révolution passe nécessairement par un chaos préalable, causé par la mort de trois millions de New-Yorkais, du fait d'un immense monstre téléporté au cœur de Manhattan, une variante de la tabula rasa si courante dans les récits dystopiques. In this paper, dystopia is analyzed as the storytelling of a historical example in its function of guide towards utopia. Fonctions et pratiques (Besançon : Presses Universitaires de Franche-Comté), Danblon, Emmanuelle. URL: http://journals.openedition.org/aad/2111; DOI: https://doi.org/10.4000/aad.2111. Ses figures privilégiées sont de lâordre de lâamplification et son régime cognitif demande une production et même une profusion dâimages propices à produire la persuasion. Pourtant, du fascinant exposé du Professeur Michel Porret, non-maçon, les FF:. En ce sens, l’analyse de Bellemare-Page nous confronte, au moyen de la « paratopie », à la vision manichéenne du monde portée par Makine, ce dramaturge pour qui « [l]es rapports de force entre le littéraire et le politique ont une consonance particulière […], legs de l’expérience soviétique ». 2Lâauteur de la Rhétorique étudie lâexemple (paradeigma) du point de vue de ses vertus persuasives. 6 Voir la contribution de Pierre Macherey dans le présent volume : Macherey (P.), « Utopie et quotidi ; 7 Perec (G.), Lâinfra-ordinaire, Paris, Seuil, 1989, p. 11. Une barbarie qui se donne comme repoussoir et finalement levier de la Déclaration des Droits de lâHomme. Regimes of rationality, post-truth and conspiracy: have we lost the taste of truth? 6Enfin, nous avions pu établir que le type de décision caractérisée par cette fonction utopique fonctionnait dâautant mieux quâelle prenait appui sur un élément dystopique, événement historique présent dans la mémoire de la communauté, et servant de repoussoir aux yeux des contemporains. Abensour, Miguel. Le bonheur. Nous les lirons, promis !! Rhétorique, 3 vol., traduction et commentaires par Médéric Dufour (Paris : Les Belles Lettres), Assmann, Iann. Les factions et l'autoritarisme. Environ 91 % des habitants de la planète respirent un air pollué, ce qui entraîne quelque 7 millions de décès prématurés chaque année, selon lâOMS. Poursuivant Semprun au cœur d’une France pour qui mai 1968 aurait été plus qu’un simple événement à commémorer (Nora, 1997), David Desrosiers constate les possibilités autobiographiques d’un genre qui s’amuse à la frontière des possibles. Comme nous lâavions suggéré (Danblon et Mayeur 2015), une description détaillée de lâévénement historique dans ce texte aurait sans doute produit lâeffet inverse de celui recherché : la présence. 2010. Après une étude de la structure même des dystopies, Marc Ross Gaudreault, dans « Immobilisme et surpopulation : la mise en garde d’Harry Harrison », s'intéresse plus précisément à un cas d'espèce, le roman Make Room! En termes rhétoriques, cela a une signification notable : le passage de la mémoire communicationnelle à la mémoire culturelle sâopère par la transformation de preuves extra-techniques, comme le témoignage oral, à la preuve technique, discours oral ou écrit construit par un orateur et adressé à un auditoire spécifique (Danblon et Meyer 2015). Ils gomment les râles dâesclaves jetés, lestés, par-dessus bord. Pour clore ce numéro de Postures, nous reproduisons finalement le texte dramatique « Dernier Acte » d'Étienne Lepage, une courte pièce dystopique créée pour l'occasion et qui a fait l'objet d'une lecture lors du colloque en avril 2009. Cette visée est exprimée par le préambule. À chaque effondrement des preuves, le poète répond par une salve d'avenir. Or, le projet utopique de Veidt tient son originalité du fait que ce n'est pas un programme collectif d'organisation sociale qu'il suggère, « il propose plutôt d’opérer une révolution individuelle qui se diffusera à l’ensemble des citoyens de la terre ». Une dystopie est un récit de fiction dépeignant une société imaginaire organisée de telle façon qu'elle empêche ses membres d'atteindre le bonheur. « Considérations théoriques », Argumentation et Analyse du Discours 2, http://aad.revues.org/561, Amossy, Ruth. D’abord paru dans : Bouchard, Marie-Pierre et Després, Elaine. Vérité et véracité. 1999. La figure privilégiée par le témoin qui le rapporte est de lâordre de lâaphasia, figure qui choisit une extrême concision confinant à lâévocation, au sens de Dominicy (2011)5. Hélène Taillefer explore cette possibilité fictionnelle à partir de trois romans dystopiques exemplaires : Nineteen Eighty-Four (1948) de George Orwell, Le Dépeupleur (1970) de Samuel Beckett et Neuromancer (1984) de William Gibson. L'utopie a pour vocation de projeter un idéal social, non de le réaliser : métaphoriquement, l'utopie ressemble à une ligne d'horizon vers laquelle l'on tend, sans jamais l'atteindre. Pourquoi imaginer le pire, si ce n'est pour tenter de l'éviter? Rhétoriques de lâexemple. L’UQÀM, véritable symbole de la démocratisation de l'enseignement supérieur au Québec, était menacée après quarante ans d’existence. Mais il confirme lâidée quâun EH attesté a plus de force persuasive quâune fable. En effet, s'il présente de nombreuses caractéristiques du totalitarisme (Hannah Arendt, 1972), le monde imaginé par Bradbury n'a rien de soviétique ou de fasciste, il s'agit plutôt d'« [U]ne version altérée du futur proche des États-Unis, résultat de la dérive d'une société individualiste qui recherche le bonheur immédiat et perpétuel et qui en est venue à considérer les livres comme une source de malheur. Selon le critère des Anciens, lâévidence sensible cède la place à lâévidence discursive, qui regagne la puissance persuasive par des effets entièrement construits dans et par le discours (cf. Signifiant « sans lieu » ou « nulle part », le terme dâ« utopie » a été inventé par Thomas More au début du XVIáµ siècle, mais lâutopie a reçu un héritage multiple, antique, biblique et médiéval. À partir des hantises mémorielles de nos sociétés contemporaines, Stéphanie Bellemare-Page, dans « Dystopie et spectre du totalitarisme dans Le Monde selon Gabriel, d’Andreï Makine », se penche sur les démons qui façonnent la médiatisation des utopies capitaliste et démocratique au sein de l’écriture dramaturgique de l’auteur français d’origine russe Andreï Makine. La visée argumentative poursuivie est plus directement juridique que dans le cas de la Déclaration des Droits de lâHomme, puisquâelle est utilisée explicitement dans un « exposé des motifs » pour un projet de loi. Querelle des Anciens et des Modernes 2. La mémoire culturelle. Dans cet article, on analyse la dystopie comme la mise en récit de lâEH comme dans sa fonction de guide vers une utopie. 1Je commencerai cette contribution sur lâexemple historique en reprenant une réflexion bien connue de la rhétorique délibérative dâAristote, à partir du passage suivant : « Denys aspire à la tyrannie puisquâil demande une garde ; autrefois, en effet, Pisistrate, ayant ce dessein, en demandait une, et, quand il lâeut obtenue, il devint tyran » (Rhét., I, 2, 1357b). 11  Il faut bien sûr préciser que cette différence de choix rhétorique nâempêche nullement que certains EH soient évoqués par allusion au sein même dâun texte qui utilise massivement lâamplification, comme le fait lâexposé des motifs de la loi Taubira. En somme, par la figure de lâénigme qui sert le témoignage direct par la preuve extra-technique ou par la figure de lâhypotypose qui reconstruit, par la technique rhétorique, les effets du témoignage oculaire, lâexemple historique occupe la fonction de dystopie comme levier vers la formulation dâune utopie en jetant sur elle une « obscure clarté » qui contient à la fois vigilance et espoir. Lâespérance loge dans lâobscur lui-même, elle participe de son opacité, de même que lâobscur et le secret furent apparentés ; elle menace de disparaître si elle se dresse trop près, trop droit dans cet obscur.Ernst Bloch, Lâesprit de lâutopie (trad. 5Depuis quelques années, certains membres de lâéquipe du GRAL tentent de mieux comprendre les fonctions rhétoriques contenues dans les chartes et déclarations de la modernité (Danblon et de Jonge 2006 ; Danblon 2013 ; Danblon et Mayeur 2015). Figurer la dystopie pour éclairer lâutopie : une fonction de lâexemple historique, http://tempszero.contemporain.info/document393, http://www.assemblee-nationale.fr/11/propositions/pion1297.asp, âFigurer la dystopie pour éclairer lâutopie : une fonction de lâexemple historiqueâ. ! » Aussi, armé des mots satyriques de Semprun, il nous propose de franchir le pas entre la possibilité d’une connaissance du passé et la « conscience active de la contingence historique » par l’analyse du bouleversement de la carte du donné (Rancière, 2007) que permet l’écriture uchronique. What are the conditions for an efficient charter? Ce genre est souvent lié à la science-fiction, mais pas systématiqu⦠En dâautres termes, la mémoire de la communauté portant sur un événement du passé permettra de servir de support à une décision politique, dont lâutilité sâimposera avec une force de persuasion non négligeable. cit., p. 73. Traité de lâargumentation. Et ceux qui affrontèrent la barbarie absolue en emportant par-delà les mers et au-delà de lâhorreur, traditions et valeurs, principes et mythes, règles et croyances, en inventant des chants, des contes, des langues, des rites, des dieux, des savoirs et des techniques sur un continent inconnu, ceux qui survécurent à la traversée apocalyptique à fond de cale, tous repères dissous, ceux dont les pulsions de vie furent si puissantes quâelles vainquirent lâanéantissement, ceux-là sont dispensés dâavoir à démontrer leur humanité.La France, qui fut esclavagiste avant d'être abolitionniste, patrie des droits de lâhomme ternie par les ombres et les « misères des lumières », redonnera éclat et grandeur à son prestige aux yeux du monde en sâinclinant la première devant la mémoire des victimes de ce crime orphelin (je souligne).10. Le texte est rédigé en 1998, la loi est votée en 2001. 23En conclusion, ce cas particulier nous a permis de confirmer une intuition dâAristote. Et d'ailleurs, l'utopie, justement parce qu'elle n'existe pas, invite d'autant mieux à l'idéalisation. Dans le premier cas, les massacres de la deuxième guerre mondiale, en particulier, le génocide, même sâil nâest pas explicitement nommé, servent de « paradigme » de la barbarie. 2015. Véritable confrontation entre un idéal de société et les lois concrètes du marché, la grève, qui a fait office de toile de fond aux réflexions menées par les étudiants rassemblés dans le cadre du colloque « Utopie / Dystopie : entre imaginaire et réalité », a su donner au concept d’utopie une dimension concrète, dynamique, actuelle. En voulant imposer un modèle de perfection et de bonheur identique pour tous, elle risque de se transformer en un univers cauchemardesque, assez proche des univers totalitaires. ». La dystopie (source anglo-saxonne : dystopia) correspond à une période critique et antitotalitaire qui apparaît au lendemain de lââge dâor du scientisme, du positivisme social et de la croyance dans le progrès qui se dessinent durant le XIXe siècle. Les traités, bulles et codes en consignent l'intention. Si Harry Harrison et Richard Fleischer s'inquiètent de la lente agonie de l'humanité par le biais de l'épuisement des ressources qui résulte de la surpopulation, Ray Bradbury s'inscrit dans une toute autre forme d'imaginaire de la fin, moins insidieuse, mais plus spectaculaire : la bombe nucléaire, qui « figure un changement de paradigme des plus importants : l'homme peut désormais causer sa propre extinction ». Tel un avertissement, il s'agit le plus souvent de projeter dans l'avenir, en les amplifiant, les défauts d'une société perfectible. Non contente de reconstruire le passé, elle organise lâexpérience du présent et de lâavenir. 8  Bien dâautres éléments linguistiques, rhétoriques et historiques séparent ces deux textes. Le terme utopie est pris au ⦠L'auteur entend ainsi mettre en garde le lecteur en montrant les conséquences néfastes dune idéologie (ou dune pratique) présente à notre époque1. Marie-Pierre Bouchard poursuit actuellement son doctorat à l’Université du Québec à Montréal sous la direction d’Isaac Bazié, après s’être égarée pendant quelques années à Berlin, à Bruxelles et à Québec où elle étudiait alors les relations internationales. L'histoire s'inscrit dans un registre de contre-utopie ou dystopie. Elle permet à sa façon de mieux cerner la fonction utopique que remplit ici lâEH : cultiver la mémoire dâun événement dystopique, réputé obscur, remplit, à chaque évocation, la visée utopique dâune source dâespoir pour la communauté. Traité de rhétorique à usage des historiens (Paris : Garnier), Le Bozec, Yves, 2002, « Lâhypotypose : un essai de définition formelle », Lâinformation grammaticale 92, 3-7, Levy, Carlos & Laurent Pernot (éds). 1) Extrait de la DUDH, Préambule.Considérant que la méconnaissance et le mépris des droits de lâhomme ont conduit à des actes de barbarie qui révoltent la conscience de lâhumanité et que lâavènement dâun monde où les êtres humains seront libres de parler et de croire, libérés de la terreur et de la misère, a été proclamé comme la plus haute aspiration de lâhomme9. 7Dans les développements les plus récents (Danblon et Mayeur 2015), nous avions remarqué que le dispositif  « dystopie â utopie » était présent dans les grandes chartes de la modernité. Tout est évoqué, rien nâest décrit. Je me concentrerai sur cette fonction particulière qui consiste à figurer la dystopie pour offrir ce point dâappui, levier dâune mise en disposition générale de la communauté vers un horizon dâattente.3.
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